C'était un matin de printemps, en Corse, au trecento.
Souple, élancée, d'une réelle élégance en cette faldetta sévère, le surcot de lin bleu indigo des jours de deuil dont elle est caparaçonnée, une jeune fille de quinze ans tout juste monte avec un balancement ondulé de son corps gracile les dernières dalles en gradin donnant accès au vaste abreuvoir rupestre. La gouttière de châtaignier taillé qui l'alimente dérive un peu de l'eau d'un bief empierré en amont, prenant sa source plus loin dans le bouillonnement d'un petit torrent de montagne qu'on entend sans le voir. Le chant de l'eau courant sur le bois module une phrase à la fois monotone et sans cesse nouvelle, qui s'enlace avec les trilles sifflants d'un merle ivre du soleil renaissant.
À l'arrivée de la jeune fille, un torcol farouche, posé sur le sommet d'un ciste rose tout près de là, lance un quin-quin-quin strident et s'envole vivement.
L'atmosphère très claire à cette heure, déjà pénétrée des senteurs à la fois subtiles et fortes du maquis tout en fleurs, permet de voir au-delà des roches de porphyre rouge, les monts rudes et décharnés, encore lissés de neige, qui barrent les lointains...
Chapitre I
Le "Magone
Chapitre II
Bonne justice en vérité !
Chapitre III
La prétentaine
Chapitre IV
Vers une vie nouvelle
Chapitre V
La quenouille
Chapitre VI
Bourrasques
Chapitre VII
Lorsque les sages se rencontrent
Epilogue